Une plongée dans l’art du tapping : Des textures sonores incomparables qui redéfinissent le métal

6 avril 2025

Le tapping, une technique aux origines étonnantes

Avant de comprendre son rôle spécifique dans le métal, revenons rapidement sur ce qu’est le tapping. Au lieu de simplement gratter ou pincer les cordes avec la main droite (ou gauche pour les gauchers), le musicien frappe directement une ou plusieurs cordes sur le manche avec une ou plusieurs doigts de la main droite, produisant ainsi une note. Ce geste, combiné avec les notes jouées par la main gauche sur le manche, permet de réaliser des enchaînements rapides et fluides, souvent impossibles à atteindre autrement.

Si cette technique est aujourd’hui indissociable du métal, elle ne vient pas originellement de ce genre. L’un des premiers guitaristes à populariser le tapping est Eddie Van Halen. Dans le légendaire morceau Eruption (1978), le guitariste américain électrifie le monde avec un solo en tapping qui semble presque extraterrestre pour l’époque. Mais on pourrait remonter encore plus loin, à des expériences de jazzmen ou même de musiciens de musique classique. Le tapping s’avère ainsi être une technique qui transcende les genres, avant de s’enraciner profondément dans le métal où elle évoluera pour devenir un pilier esthétique.






Pourquoi le tapping est-il emblématique du métal ?

Le tapping est utilisé dans le métal pour deux raisons principales : il augmente la virtuosité technique et il enrichit les textures sonores.

1. Une explosion de virtuosité

Dans le métal, la technique est souvent une marque de fabrique. Le tapping permet aux guitaristes d’atteindre des vitesses et des séquences mélodiques difficiles, voire impossibles à jouer avec des techniques traditionnelles. Cet aspect s’intègre parfaitement à des styles comme le power metal, le death metal technique ou encore le progressive metal, genres où les prouesses instrumentales sont célébrées.

Prenez par exemple Steve Vai, connu pour ses compositions extrêmement virtuoses, ou encore le génial Joe Satriani, dont les solos s’appuient souvent sur un usage réfléchi du tapping pour créer des sensations d'apesanteur musicale. Ces artistes utilisent le tapping non pas comme un simple effet de style, mais comme un outil narratif, offrant des émotions que la technique "habituelle" ne peut pas transmettre.

2. Une génération de textures sonores

Si le tapping est si prisé dans le métal, c’est aussi pour sa capacité unique à ajouter plus qu’une simple ligne mélodique. Chaque contact sur une corde crée une note à l’attaque distincte et un son qui semble venir de nulle part – parfait pour des atmosphères immersives ou agressives.

Ceci est particulièrement visible dans le djent, un sous-genre du métal progressif popularisé par des groupes comme Periphery ou Tesseract. Ces formations utilisent le tapping pour générer des motifs rythmiques complexes combinés à des accords polyphoniques riches. Résultat ? Une densité sonore immersive, presque hypnotique.






Les différentes applications du tapping dans le métal

Le tapping peut être utilisé de multiples façons selon le style ou l’intention artistique :

1. Le solo virtuose

Le tapping a d’abord été popularisé via des solos spectaculaires. Des morceaux comme Through the Fire and Flames de DragonForce, ou encore l'œuvre de Randy Rhoads (guitariste d'Ozzy Osbourne), montrent bien comment cette technique peut transformer un solo en démonstration pyrotechnique. Les séries de notes rapides et les runs en legato (liés) semblent "côtoyer les étoiles", ce qui colle parfaitement à l'esthétique du métal hero.

2. Les motifs rythmiques

Dans des genres plus modernes comme le djent ou le post-metal, le tapping trouve une nouvelle fonction. Il devient un outil pour créer des motifs rythmiques inhabituels, voire des boucles hypnotiques. Par exemple, le guitariste de Animals as Leaders, Tosin Abasi, célèbre pour son style innovant à 8 cordes, utilise le tapping pour superposer des lignes fluides et des accords complexes.

3. L’exploration polyphonique

Certains guitaristes comme Erik Mongrain (dans une veine plus acoustique) et Misha Mansoor (Periphery) utilisent le tapping pour jouer plusieurs lignes mélodiques à la fois. En métal, cela enrichit les compositions en insérant une harmonie à plusieurs voix sur un instrument solitaire, une approche quasiment orchestrale.






Le tapping au-delà des guitares

Il est important de souligner que cette technique n’est pas uniquement utilisée sur des guitares. Les bassistes sont aussi des adeptes du tapping, en particulier dans des styles comme le technical death metal. Le légendaire Sean Malone (Cynic) a souvent utilisé le tapping pour transformer sa basse en un instrument soliste, créant des passages mélodiques saisissants. Dans un registre plus brutal, des bassistes comme Alex Webster (Cannibal Corpse) incorporent le tapping dans des contextes complexes pour accentuer les rythmiques.






Quels sont les défis et limites du tapping ?

Bien que le tapping crée des possibilités quasi infinies, il comporte aussi ses défis. Pour les débutants, le contrôle du son et des attaques peut être difficile à maîtriser : une note mal frappée ou un arpège mal synchronisé peut briser l’équilibre d’un morceau. Par ailleurs, dans des contextes musicaux ambitieux (comme le métal progressif ou l’avant-garde), certains auditeurs reprochent au tapping, lorsqu'il est mal dosé, d'être trop démonstratif, voire stérile sur le plan émotionnel.

Le défi reste donc de maintenir un équilibre : utiliser cette technique pour enrichir la musique sans tomber dans ce que certains appellent le "syndrome du cirque", où le démonstratif l’emporte sur l’artistique.






Pourquoi le tapping n’a pas fini d’évoluer

Le tapping reste un laboratoire sonore en perpétuel renouvellement. Avec des instruments à plus de six cordes, de nouvelles pédales d’effets et l’essor des logiciels de production, la technique s’enrichit constamment. On le voit par exemple dans l’exploration d’un métal hybride incluant des influences électroniques ou ambiantes, où les guitaristes utilisent des traitements numériques pour transformer leurs séquences en plages sonores planantes.

Si le tapping a déjà marqué l’histoire du métal à travers Eddie Van Halen ou Tosin Abasi, ce ne sera pas sa dernière mutation. Alors, que nous réserve ce jeu en frappé pour les prochaines décennies ? De toute évidence, cette technique, bien qu’ancrée dans les traditions du métal, s’aventure constamment vers de nouveaux territoires, rappelant que le métal est une musique en mouvement perpétuel.






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